« Vous avez l’esprit d’entreprendre mais la peur de vous « planter » vous paralyse ? »
L’idée du soir c’était ça : la Fuck Up Night, la soirée de l’échec, organisée en partenariat avec la Cantine Numérique de Quimper.
Créer et réussir, oui, c’est l’objectif !
Créer, se planter, oui, c’est possible !
Créer, se planter et réussir ensuite, oui, c’est possible aussi !
Pour nous accompagner dans cette aventure, nous avions un expert comptable, Daniel Louérat, gérant de ARCANIA, à Quimper.
Nous avions aussi trois témoins qui ont osé partager leur « plantade ».
Jean-Christophe nous évoque la création de son camping qu’il a su garder pendant 17 ans, dont 6 ans de galère. Une entreprise familiale entre sa femme, sa belle famille et lui. Un divorce qui vient perturber l’équilibre de l’entreprise et c’est finalement une liquidation judiciaire arrivée bien trop vite.
Pierre, lui, nous parle de son salon de coiffure créé il y a dix ans, un rêve de 150 m2 et une équipe de 10 salariés. La vie personnelle qui vient perturber la vie professionnelle et peu à peu ce sont de bons salariés puis de bons clients qui partent mettant en péril l’entreprise. En 2012, la liquidation judiciaire est définitivement clôturée.
Ludovic, après le décès d’un proche, décide de se lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat et crée avec une amie une Start Up. Nous sommes en 2013. Il vend des produits de puériculture. La marque est inscrite à l’INPI, c’est parti! Rapidement, les produits sont développés sous la marque, la communication est lancée. Et là, une marque concurrentielle leader du marché s’en mêle et conteste l’inscription de leur marque à l’INPI. Il faut revisiter tout ce qui a été fait…. et engager de nouveaux frais. En 2014, le comptable les alerte et leurs propose deux options : réinjecter de l’argent dans l’entreprise ou arrêter sans trop casse, en récupérant même quelques billes. C’est la 2ème option que choisissent les deux partenaires. La start up cesse l’activité.
De ces trois expériences, plusieurs éléments sont soulignés :
- les montages financiers et juridiques largement abordés : le statut juridique, l’organisation interne des sociétés, le fonctionnement administratif,
- la difficulté des rapports humains parfois entre associés, au sein de l’équipe,
- l’angle psychologique toujours : la peur, la colère, la perte, l’impuissance, l’orgueil aussi… « Mener son bébé à l’abattoir, c’était difficile. Même si aujourd’hui j’en parle avec facilité »
Tous nous parlent de « plantade », pour autant aucun n’identifie « d’échecs »…Plutôt intéressant n’est-ce pas ?
Que sont-ils devenus alors ?
Ludovic nous dit « contrairement aux deux autres personnes, je n’ai pas arrêté mon activité dans la douleur. J’ai récupéré quelques billes mais surtout une grosse expérience ! « . Aujourd’hui, il partage cette expérience bien volontiers. Et, croyant toujours en une réponse collective, il a contribué activement à la création de la Cantine Numérique et en est un des fondateurs. On ne le dit pas assez mais créer une activité peut s’imaginer dans un cadre entrepreneurial et également associatif. C’est le cas pour la Silicon Kerne.
Pierre a contacté directement un des meilleurs avocats de sa région pour gérer la procédure. Bien conseillé, et n’ayant réalisé aucun erreur de gestion, il a rebondi très rapidement. A peine la liquidation d’entreprise clôturée en 2012, il imagine un nouveau projet mais collectif celui-ci. Il créé un nouveau salon avec 2 autres associées. Dans le cadre d’un contrat d’exercice en commun, ils exercent le même métier, dans les mêmes locaux avec des charges réduites et restent chacun à leur compte. Ils sont une dizaine aujourd’hui a travaillé dans ce salon. Il crée également un groupement de coiffeurs qui regroupe actuellement plus de 130 coiffeurs. Aujourd’hui, une nouvelle idée en tête : il envisage de développer ses activités en Bretagne.
Jean-Christophe, lui, n’a pas trouvé les conseils qui lui auraient permis de solder la liquidation judiciaire rapidement. Il est toujours en procédure 6 ans après la fermeture de son camping. Et pourtant, cela ne l’empêche pas d’avancer. Après quelques mois en tant qu’auto-entrepreneur, il créé en 2015 une nouvelle société, seul cette fois, dans l’activité de terrassement, sur le secteur de Pont Aven.
Qu’est-ce qui leurs a permis de rebondir ? « Le matin, tu te lèves et tu fais ta passion », « comme chef d’entreprise, tu as une certaine liberté », « il faut y aller ! », « c’est aussi se dire, vous ouvrez 5 boites, au bout de la 5ème, ça marche! »
Finalement nous pouvons retenir de ces témoignages ce qui est important pour rebondir :
- Même concentré sur son coeur de métier, garder un oeil averti sur la comptabilité. Déléguer : oui, mais toujours avec vigilance.
- Etre bien entouré et accompagné.
- Croiser les avis, de « bons » avis.
- Exprimer le besoin auprès de son expert-comptable, l’avertir. Dès que vous avez l’impression de subir, l’idée est de bouger, d’aller vers l’autre. Daniel Louérat nous dit bien « à mon niveau, l’affectif joue! Il m’est arrivé de dépasser mes attributions pour accompagner un client au Tribunal ».
- Se méfier des effets de mode juridique… : SCOP, SAS peuvent être à conseiller sous certaines conditions mais ne répondent pas à toutes les situations.
- Prendre de la hauteur et du temps pour chaque décision.
Au regard de ces expériences, j’ai envie de garder avec moi l’idée qu’au-delà des doutes de l’entrepreneur, tout à fait légitimes, entreprendre c’est aussi : réaliser sa passion, rester enthousiaste à exercer son métier, développer un certain équilibre des vies…
Et pour la petite histoire, un certain nombre de grands entrepreneurs se sont plantés aussi :
- Steve Jobs, s’est fait licencier d’Apple en 1985 avant d’y être réintégré,
- Henry Ford, a connu cinq échecs avant de créer Ford Motor Company et de toucher le succès,
- Walt Disney, s’est fait renvoyé à cause de son manque d’imagination et s’est pris plusieurs pieds dans le tapis avant de développer l’empire qu’on lui connaît…
Merci encore aux intervenants de nous avoir fait voyager au travers de leurs parcours et de connaître un peu plus les moyens d’un rebond « en beauté ». Il ne me reste qu’à leurs souhaiter « Bon vent ! » dans leurs nouveaux projets !
Et vous, maintenant ? au-delà des doutes, êtes-vous prêt(e) à vous lancer ?
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